L’Internet des familles modestes
Le 20 septembre 2018 | 0 Commentaires

« Il existe deux Internets : celui des « précurseurs » et celui des classes populaires »

Digital Society Forum Orange – Entretien – 20/09/2018

Sociologue, Dominique Pasquier a mené une recherche de plusieurs années sur les usages numériques des familles modestes. Avec des entretiens qualitatifs et l’examen de comptes Facebook, elle a dessiné une cartographie, sensible et précise, des usages des Français des « classes populaires ». Elle décrit un « autre Internet », bien différent de celui des classes supérieures, mais qu’elle refuse de décrire comme plus pauvre.

Vous avez travaillé sur les usages des « classes populaires ». Pourquoi, et de qui parle-t-on ?

Quand j’ai commencé cette recherche, il y a 5 ans, on avait d’un côté beaucoup de travaux sur les classes supérieures, les jeunes et les usages innovants, et de l’autre, des travaux sur les précaires et les diasporas. Mais au milieu il y avait des gens dont on ne savait presque rien — ils représentent 40% des Français, ont un emploi, souvent d’employé subalterne, peuvent être en CDI et propriétaires de leur maison, et ont Internet depuis 10 ou 15 ans.
Je voulais savoir comment Internet avait pu changer les usages de cette population, en matière de communication (est-ce que ça a changé les façons de communiquer ?), de culture (est-ce qu’Internet va permettre d’aller écouter une musique différente, de regarder des films qu’on ne serait pas allé voir au ciné ou à la télé ?) et de savoir (est-ce qu’Internet produit de nouvelles connaissances ?).

« La démocratisation d’Internet s’est opérée sous des formes ségrégatives », écrivez-vous. Qu’entendez-vous par là ?

« La démocratisation d’Internet s’est opérée sous des formes ségrégatives », écrivez-vous. Qu’entendez-vous par là ?

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