Produire, disent-ils
Le 18 mars 2024 | 0 Commentaires

Recension de l’ouvrage Produire, disent-ils de Gaël Stephan (2023, Les Cahiers de l’EMNS) pour la revue professionnelle L’Écran par Didier Bourg.

« Au sein de l’univers de l’audiovisuel, la figure du producteur, souvent méconnue du grand public, est une pierre angulaire de l’économie du secteur. Il fait en effet la jonction entre les créateurs, porteurs du projet et les diffuseurs en attente d’un programme. Ce livre puise dans un éventail d’entretiens menés avec des producteurs pour démêler la nature de leurs accords avec les distributeurs d’outre-Atlantique. Il interroge les mutations de leurs approches, l’évolution de leur identité professionnelle et la constitution d’un nouvel agencement marchand. Entre continuités et mutations économiques, mais aussi sociologiques, l’ouvrage dresse un avant-projet de ce que pourraient être les offres audiovisuelles aux spectateurs français dans les prochaine années. L’émergence de géants américains dans le paysage audiovisuel – à savoir Netflix, Amazon, Prime Vidéo et Disney+ –, qui s’accaparent une part prépondérante des revenus issus de la vidéo à la demande dans l’Hexagone, révolutionne les stratégies héritées du passé. Dépassant la simple fonction de diffusion, ces entités injectent en effet des fonds dans un éventail de productions cinématographiques et télévisuelles françaises. Leur but est d’enrichir leurs répertoires exclusifs et de se conformer aux exigences d’investissements décrétées par la réglementation en vigueur. Leurs concurrents en termes de financements, pour l’essentiel France Télévisions, Arte (en grosse demande de produits originaux) et TF1 ne sont pas en reste. Le seul France Télévision est à l’origine de 513 heures de fiction et de 715 heures de documentaires en 2022. De son côté,Canal+ représente environ quatre-vingt-dix films par an.

Au regard des producteurs, les plateformes représentent un soutien non-négligeable à la création mais à leur contrôle sur leur activité est bien plus envahissante, les transformant souvent en de simples producteurs délégués contraints d’abandonner les droits patrimoniaux de leurs œuvres. Les risques à terme sont nombreux : un effondrement ou un resserrement du nombre de production de Canal+, un recul des investissements du secteur public en raison de la redéfinition de la redevance et l’uniformisation des productions des plateformes qui, par souci de rentabilité à court terme, favoriseraient les productions rentables à coup sûr en répétant à l’envi les mêmes recettes. »

 

Retrouvez le livre ici et les autres parutions de la collection Les Cahiers de l’EMNS .

Retrouvez la biographie et les ouvrages de Gaël Stephan ici.

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